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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 17:34

 

Durant la pièce "En Attendant l'algérie", un invité prend la parole
 
Gilbert Grandguillaume, sociologue
"La langue c’est la base du pouvoir"
Intervention du jeudi 15 février 2001 à la Ferme du Bonheur




C’est vrai qu’il y a un problème de langue en Algérie, un problème d’arabisation et c’est là un bel exemple d’hypocrisie sociale parce que tous ceux qui ont voulu pousser les autres, obliger les autres à apprendre l’arabe, à faire leurs études en arabe, ceux-là ont fait faire leurs études à leurs propres enfants en français ou en anglais, ils les ont envoyés dans des écoles spéciales ou à l’étranger. De la manipulation, de l’hypocrisie, nifaq, comme on dit dans le coran, les hypocrites.

Dans tout le monde arabe, partout il y a une seule langue celle qui est venue d’avant le coran, qui a été relancée par le coran, que tout le monde connaît. Cette langue est connue par ceux qui l’ont apprise à l’école coranique par exemple, elle sert à la prière mais elle n’est la langue quotidienne nulle part, elle n’est la langue maternelle de personne. Dans tous les pays, chaque population est fière de parler sa langue, les Egyptiens par exemple ne se sont pas gênés, ils ont parlé la langue égyptienne dans tous leurs films. Ils l’ont exportée dans tous les pays arabes alors qu’ en Algérie la langue algérienne est haram, honteuse, on ne doit pas la parler, elle est mise de côté. En Algérie depuis longtemps, la population a eu ses langues, on parlait des dialectes, des parlers arabes, le constantinois, l’oranais, l’algérois, on parlait des langues berbères. Et ce sont ces langues-là  qui ont tenu le coup pendant la colonisation, c’est en entendant parler ces langues que les Algériens se sont accrochés à leur pays. Puis arrivées à l’indépendance, ces langues-là étaient devenues honteuses, il ne fallait plus les parler à l’école. C’était ne pas parler comme il fallait,la langue maternelle était peu parlée à la télévision. Si quelqu’un dans une réunion syndicale ou même à la télévision, interviewé se mettait à parler en français, on le faisait taire, s’il se mettait à parler en kabyle, il  fallait qu’il se taise, s’il parlait en arabe algérien il fallait qu’il se taise, il fallait qu’il parle cette espèce de langue artificielle qu’on écrivait dans les livres, dans la presse et qui empêchait tous les gens de s’exprimer.

Cette politique d’arabisation que le pouvoir a mise en place en fait c’était pour asseoir son pouvoir. On a dit aux gens que c’était pour les libérer, assurer l’indépendance culturelle, on a dit que le français c’était le colonialisme, et donc que maintenant il fallait parler l’arabe. En réalité, en même temps on combattait bien sûr le français mais on combattait aussi toutes les langues parlées effectivement par les gens, aussi bien les parlers berbères que les parlers arabes. Ces parlers-là étaient considérés comme honteux,il fallait parler une langue unique, la langue standard la langue arabe moderne que personne ne connaissait au début, que les enfants ont appris peu à peu à l’école, dans laquelle la vie ne s’exprime pas parce que la création, encore aujourd’hui, se fait dans les langues parlées, dans la chanson, dans le raï. Et malgré tout, le pouvoir voulait imposer cette langue. Et pourquoi, pourquoi empêcher l’algérianité, ce qui est proprement algérien de s’exprimer ? Le pouvoir manipulait sur 2 plans, d’une part parce que en essayant de mettre cette langue arabe, qui pour cette population était la langue du coran, ils ont cherché à devenir légitimes. Ils sont arrivés au pouvoir par des coups d’état, et il fallait essayer d’avoir la légitimité de l’islam, de s’en couvrir, à défaut de pouvoir obtenir une légitimité politique de la population. Et d’autre part, derrière tout ça il y avait tous ceux qui voulaient prendre la place de ceux qui faisaient leur travail en langue française et qui étaient des enseignants de langue française ou même de l’administration. Et quel que soit le désastre, même si on a mis toute l’éducation par terre, on a pris ces places, on y est arrivé et maintenant on en est là.

Ce qu’il y a de plus pénible dans tout cela c’est que finalement on est face à la hogra, au mépris du pouvoir, au mépris de soi. Si la langue que l’on a toujours parlé, que l’on a parlé depuis son enfance n’est pas reconnue dans son propre pays, qu’est-ce que ça peut signifier d’être algérien, comment se sentir membre vraiment de ce pays ? Et voilà l’Algérie elle est multi, elle est poly, elle est plusieurs langues, plusieurs régions, plusieurs cultures. Et toutes les langues expriment tout cela. Mais le pouvoir lui veut une langue, que l’on soit monolingue, un seul bloc, parce que finalement la langue c’est la base de son pouvoir. Voilà.

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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 15:54
 
Durant la pièce "En Attendant l'algérie", un invité prend la parole


Djilali Hadjadj, journaliste d'investigation
"Il faudrait qu'un jour ces hommes des casernes puissent reprendre le chemin des casernes"
(Intervention à partir de notes écrites le 9 novembre 2001 à la Ferme du Bonheur)



(inaudible)
Il y a eu des périodes où effectivement les prix du pétrole étaient à la hausse. C’était des recettes faramineuses qui n'étaient pas utilisés à bon escient.

Où va ce fric, où allait ce fric ?
Bonne question, où va ce fric ? Toujours pour parler de la même période à titre d'exemple, les années 80 qui étaient les années où le pétrole culminait au-delà de 40 dollars le baril et où le dollar coûtait plus de 10 francs français, c'était un argent fou qui rentrait. Puis ça été la période des éléphants blancs, on se mettait à construire. A Alger d'ailleurs, on regorge de toutes sortes de palais, toutes sortes de monuments. On investissait dans les projets de prestige faramineux mais en fait qui étaient, avec la complicité d'un grand nombre d'entreprises étrangères, des moyens pour détourner et mettre cet argent dans les paradis fiscaux sur un certain nombre de comptes à l'étranger.  Si on devait faire le décompte de tout ce qu'ont coûté les chantiers pendant ces années 80, alors non seulement on dépensait, c'était de la gabegie, du gaspillage à grande échelle, on détournait et en même temps la crise économique était là latente, on la voyait arriver et on ne faisait rien parce que ce n'était pas la préoccupation.
Et il est vrai que c'était aussi une période au plan démocratique où c'était le vide total. C'était un climat répressif, nous étions à l'époque aussi dans un système policier des plus durs. Tout ce qui pouvait être contestation était vite annihilé par le pouvoir en place.

Ça veut dire que s'il y avait un pouvoir honnête qui répartisse l'argent et tout en Algérie, l’Algérie serait un pays riche, relativement riche ?
Tout à fait, tout à fait, on peut faire, on peut faire, j'ai eu des évaluations tout à fait récentes. C'est vrai que ça concerne les trois pays du Maghreb et on peut retrouver la part qui revient à l'Algérie, des estimations qui se recoupent dont la source serait d'ailleurs des experts de la banque centrale d'Algérie. En l'espace de 15-20 ans pour les trois pays du Maghreb plus de 300 milliards de dollars ont été placés à l'étranger, donc en termes de fuites de capitaux moi je me dis que, ne serait-ce que 10 % de ces 300 milliards de dollars, vous pouvez vous imaginer ce que ça pourrait représenter en terme d'investissements pour des emplois productifs. Mais c'est sûr que si en Algérie cet argent avait bien été utilisé dans un système démocratique, de transparence, de moralisation de la vie publique, on n'en serait pas là.  On n'en serait pas là. Toutes les institutions sont en train de s'effondrer une à une.

On sait qui a profité ?
On le sait bien sûr. On le sait de façon générale. C'est tout le système politique et tout le pouvoir en place depuis l'indépendance, qui à chaque fois une équipe en remplaçait une autre. Mais globalement, on peut dénombrer le nombre de dignitaires du haut régime, le nombre de familles, le nombre de clans qui ne cessent de s'enrichir, qui ne cessent de détourner que ce soit au sein de ce qu'on peut appeler le pouvoir civil et aussi le pouvoir militaire qui est, et dont le rôle continue d'être extrêmement prépondérant.

Vous dites ça ... comme si vous saviez qui, ça se voit ?
Ça se voit dans la vie de tous les jours et c'est ce qui d'ailleurs traumatise les Algériens qui arrivent à peine à joindre les 2 bouts. C'est vrai que c'est un peu paradoxal. Nous sommes en l'an 2001, le pétrole est à plus de 25 dollars le baril et 50 % des Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ça semble assez inimaginable, non ? On a eu à le voir, je n'ai pas de prétention de dire quels sont tous ceux qui interviennent dans un certain nombre de secteurs ou qui ont la main mise sur un secteur. Mais on peut prendre un secteur qui est par exemple celui de l'importation des médicaments. On connaît maintenant qui est derrière ces importations de médicaments. Ils ne cachent même plus leur nom. Puisque avant c'était des prête-noms, maintenant c'est carrément leur progéniture qui est affichée. Ils te disent que c'est légal.

La progéniture de qui ?
Des généraux, des anciens ministres, des ministres actuels, des responsables de l'Etat. Prenons un cas précis. Ça représente quel argent, quel genre d'argent, puisqu'on est en train de raconter. J'ai l'impression d'être dans un roman de série noire ou dans les romans de Yasmina Kadra, cet auteur dont on ne sait pas qui il est, on a l'impression d'être dans une série noire américaine (inaudible)

Alors c'est quoi l'argent, il vient d'où, il va où, qui sont ces complices qui se partagent le profit, et qui en souffre ?
Malheureusement la réalité est là et les faits sont têtus. Encore une fois, prenons l'exemple du médicament. C'est une enveloppe qui au bas mot représente chaque année 600 à 800 millions de dollars.
Ça aussi c’est un des paradoxes, mais qui illustre en fait très bien aussi une des pratiques de ce qu'on appelle maintenant, qui est devenu une expression un peu courante, une des pratiques de la mafia politico-financière.

Le ministère de la Santé par exemple : chaque année, selon que l'état des finances du pays soit bon ou mauvais, on lui alloue une enveloppe. Et cette enveloppe-là est répartie entre plusieurs importateurs.
Cette personne-là au niveau du ministère de la santé est chargée, pratiquement seule, de distribuer cette manne, ces 600 millions de dollars. Et elle a par exemple une cinquantaine d'importateurs, il y en a cinq ou six qui prennent pratiquement les 75-80% et puis les 20% de cette enveloppe sont répartis entre les plus petits importateurs, pour pas ou pour faire montre un peu de large distribution.

En fait on se retrouve dans la même situation où il y avait uniquement le monopole d'Etat sur le commerce extérieur mais cette fois-ci nous sommes en système d'économie libérale mais on reproduit les mêmes pratiques et les mêmes schémas.

Mais il y a des gens qui sont importateurs exclusifs, donc ça veut dire, vous achetez ça à des gros laboratoires pharmaceutiques, bon c'est pas un mystère, c'est la France, l’Angleterre, l'Allemagne ou les Etats-Unis. Mais qui il y a d'autre ?
En ce moment c’est surtout les pays du sud de la Méditerranée, l'Italie, la France et l'Espagne. Les laboratoires continuent à être extrêmement puissants, il y a un lobbying médical aussi qui est extrêmement puissant qui est un intermédiaire entre ces laboratoires et les opérateurs économiques.

Alors il y a des importateurs algériens ?
Bien sûr qu'il y a des importateurs algériens En fait il y en a quatre ou cinq qui gèrent les 80% de cette énorme enveloppe.

Ça veut dire quoi ? Que vous pouvez dire ce que vous voulez ils s'en foutent, ils sont tellement sûrs d'eux, de leur puissance, que tout ce que vous, vous pouvez dire n'a aucune importance, ou ils se disent il va nous emmerder longtemps celui-là ?
Bonne question, mais je crois en fait qu'ils doivent se dire, il doit savoir un certain nombre de choses mais il ne sait pas tout. C'est vrai que je connais un peu ce qui se passe dans le médicament, mais si on devait prendre six ou sept produits, globalement et schématiquement vous avez une rente pétrolière qui a fait, notamment pour l'année 2000, plus de 20 milliards de dollars. Vous avez une dizaine de produits qui sont des produits essentiels pour la consommation quotidienne et sur ces 20 milliards de dollars il y en a une dizaine qui sont utilisés à l'importation de ces produits et que se partagent un certain nombre de généraux, un certain nombre de leur progéniture et c'est un peu comme ça que le pillage continue, c'est un peu comme ça que le dépeçage de ce grand pays continue. Et l'espoir est dans la démocratie, l'espoir est dans la société civile et il faudrait qu'un jour que ces hommes des casernes puissent reprendre le chemin des casernes.









 

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7 février 2009 6 07 /02 /février /2009 15:26
 
 Durant la pièce "En Attendant l'algérie", un invité prend la parole
Saïd Bouamama, sociologue
"L'alliance entre l’intégrisme économique et le fascisme islamiste"
(intervention-improvisation du 16 mars 2001 à la Ferme du Bonheur à Nanterre)


 


Les racines de l’intégrisme sont de 2 types.
D’abord un terrain fertile qui existe depuis 62, terrain qui est constitué de la négation de la diversité culturelle algérienne et de son identité. Sous prétexte d’unité politique, on a confondu unité et unicité.
Secondo, on a sans cesse depuis 62 sous prétexte de priorité, reporté à plus tard la question des droits démocratiques et du droit de la société civile à exister. Pendant toute cette période, pour éviter les contestations sociales, on a à chaque fois utilisé l’Islam, pour éviter les prises de conscience et éviter les remises en cause.

Lorsqu'arrive au tournant de la décennie 80 le nouvel ordre international, lorsque l’ultralibéralisme conquiert la planète, en Algérie l’heure est également à la privatisation. A ce moment-là se pose la question de faire passer la pilule. Comment faire passer la pilule au peuple algérien ? Lui qui s’était battu pendant 7 ans, lui qui avait réussi à imposer un niveau de vie supérieur à certains pays d’Afrique ? Du fait de la peur de la contestation sociale, l’intégrisme va être cet instrument en semant la terreur, ce qui permettra de faire passer les privatisations, de faire passer la politique du FMI et ce qui  permettra aux grandes puissances de s’acapparer le pétrole et le gaz algériens.

Simplement la question qui reste posée à l’époque c’est qui va en retirer les fruits ?
Et là se posent 2 parties de la bourgeoisie algérienne, celle qui a grandi dans le giron de l’Etat et qui s’est enrichie par l’intermédiaire des sociétés nationales, qui a pillé l’économie publique et de l’autre côté les nouveaux trabendistes, cette classe spéculative, ceux qui se sont enrichis avec la spéculation du trabendo, qui veulent être eux aussi du gâteau. Et c’est en cela que s’affrontent en Algérie d’une part le pouvoir, d’autre part l’intégrisme.
Le grand perdant c’est bien entendu le peuple, qui d’un côté paye l’intégrisme économique du pouvoir qui par l’intermédiaire d’une politique ultralibérale pousse à la pauvreté et d’un autre côté paye l’intégrisme assassin qui égorge, qui tue, qui massacre des enfants.

L’Algérie n’est pas soumise à un seul intégrisme, elle est soumise à 2 intégrismes, l’intégrisme économique d’une part, et l’intégrisme politique fasciste d’autre part. Et effectivement dans ce cadre-là il est très difficile de résister. Il est très difficile parce ce que ce qui se joue c’est simplement pour chaque algérien, chaque syndicaliste, chaque femme le combat pour exister encore un jour. Et quand on a peur de mourir, on ne peut pas penser à ses intérêts économiques, quand on a peur de mourir, on ne peut pas penser au droit démocratique, on cherche à survivre et c’est toute la clé de la situation algérienne. Pour éviter la prise de conscience démocratique, pour éviter les remises en cause, il y a une alliance entre l’intégrisme économique et le fascisme islamiste.

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 17:35








 
 










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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 15:54
 

"En Attendant l'algérie"  de Zalia Sékai d'après l'oeuvre de Kateb Yacine s’est jouée en particulier à Nanterre du 1er février au 18 mars 2001, à la Ferme du Bonheur.
La participation était libre, à la discrétion du public.
Elle a également été jouée à l'Epée de bois Cartoucherie Vincennes le 26 novembre 2001.




Presque chaque soir, un invité apporte un point de vue pendant la pièce, afin que s'initie un débat après la représentation, prolongeant l'action dans la bouche même du spectateur devenant acteur... Renouant ainsi avec la tradition grecque où le théâtre était aussi le lieu du débat public.

L’intervention est un principe de réalité, nécessaire pour sortir de la présentation spectaculaire.
L’amphithéâtre antique était aussi le lieu du débat public, c’est avec cet esprit que nous avons voulu renouer. Chaque soir un invité vient rompre le déroulement du spectacle. Un projecteur s’allume dans la salle, éclairant l’invité, durant 5 à 10 mn, l’intervenant s’exprime, le projecteur s’éteint puis la pièce reprend. Le moment de la coupure est choisi avec l’auteur selon le contenu du discours.
Notre intention est de décentrer la parole, l’auteur, à travers le comédien, n’est plus le seul à parler. Nous voulons initier le débat, fausser les effets tyranniques de la parole en sortant la voix de la scène. La parole n’est plus, là, représentée (le comédien récitant le texte d’un autre), mais délivrée... Si le lieu qui n’a pas de lieu cherche un lieu qui n’a pas de lieu c’est que l’espace que nous occupons et voulons circonscrire le temps de cette représentation n’appartient plus à son directeur, n’appartient pas à l’auteur, le comédien ou le metteur en scène, il n’appartient pas non plus au public, il est devenu une surface de tension et d’échange. Nous voulons faire entendre des voix qui ne soient plus théâtrales, nous voulons que les ombres fassent place aux vivants.
A la suite du débat, un thé à la menthe est grâcieusement offert, prolongeant ainsi la discussion au sein du public.

«Peintre j’ai voulu faire de la peinture par d’autre moyen, j’ai voulu rendre visible la parole contrastée, révoltée de Zalia Sékaï. La couleur dessinée, projetée assume cette fonction dans la pièce autant que le comédien qui réfléchit cette parole.»
Laurent Marissal, metteur en scène


Quelques-uns des invités

  
-jeudi 8 février,
Mohamed Benrabah, linguiste, auteur de Langue et pouvoir en Algérie
-vendredi 9 février, 
Djillali Hadjadj, journaliste, auteur de Démocratie et corruption en Algérie,
-samedi 10 février,
Gyps, humoriste algérien,
-dimanche 11 février,
Nassera Dutour, présidente du collectif des disparus
-jeudi 15 février,
Gilbert Grandguillaume, sociologue, linguiste.
-vendredi 16 février,
Yasmina Boudjenah, députée européenne.
-vendredi 23 fevrier,
Dominique Caubet, linguiste, professseur d'arabe maghrébin à l'Inalco
-dimanche 24 février,
Hamid Salmi, ethnopsychiatre
- samedi 3 mars,
Christian Freu, citoyen.
- vendredi 16 mars,
Saïd Bouamama, sociologue
- 18 mars,
Roger des Prés, propriétaire de la Ferme du Bonheur.


Extraits d’interventions


«(...) les hommes des casernes  n'ont qu'à reprendre le chemin des casernes".
Djillali Hadjadj, vendredi 9 février 2001

« Je veux être algérien, et j’ai dit en voulant être algérien, je mettrai tout dedans comme cocktail, je mettrai du berbère, du phénicien, du romain, du vandale, de l’arabe, du turc, du français. Je mettrai du judaïsme, je mettrai du christianisme, je mettrai de l’islam, je mettrai de l’athéisme. Je secoue tout ça et j’ai l’algérien, l’algérianité. »
Mohamed Benrabah, jeudi 8 février 2001





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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 17:28

 

En Attendant l'algérie




 

Cette pièce est un hommage rendu à Kateb Yacine dont l'oeuvre et les entretiens ont permis de réaliser cette pièce qui témoigne d'une pensée résolument tolérante et qui condamne toute forme de discrimination et d’oppression.
Cette pièce a été jouée notamment à la Ferme du bonheur à Nanterre, à l'Epée de bois Cartoucherie Vincennes, à la Laiterie/Hall des chars à Strasbourg.


 

KATEB YACINE


Ecrivain algérien, né en 1929 à Constantine, il meurt en 1989 à Grenoble. Il s'est livré à une lutte farouche contre l'oppression, les exclusions, les intégrismes.
Il se voue au théâtre engagé, dénonçant fanatismes et exploiteurs de tous bords et milite pour une culture libre et vivante. Pour cela, il s'exprime avec la langue du peuple, des opprimés dont il s'est toujours senti solidaire. Dans un langage violent, il questionne l'histoire, le pouvoir, l'oppression, le rapport pouvoir/peuple.
Il passera de l'écriture à l'oralité dans les années 70, en suspendant l'écriture, pour " un théâtre vivant actif ". Il vise par la réactivation de la tradition populaire à retrouver un impact idéologique et didactique. Ce qui lui fait dire que  "Ceux qui veulent se taire peuvent mourir."
Ses engagements sont lourds à assumer : accusation de traîtrise, suppression des aides et subventions des institutions, refus de publication, interdiction de jouer, sabotages,...
Le lendemain de sa mort (28 octobre), l'imam égyptien Mohamed El Ghazali  déclarait à la radio algérienne : "Il ne doit pas être enterré dans un cimetière musulman.". Ce qui n'a pas empêché le peuple algérien d'accompagner le poète jusqu'au cimetière d'Alger.

Son oeuvre :
- poèmes : Soliloques
- romans : Nedjma , Le polygone étoilé
- écrits journalistiques
- pièces de théâtre : Le cercle des représailles,Mohammed prends ta valise, la voix des femmes...





 

TRAME de la PIECE


Un homme se lance dans une diatribe dénonçant le ravage, la déliquescence de l’algérie, ce pays en chantier. Il égrène méthodiquement ses pensées (frustration, aliénation, malaise identitaire) ponctuées de musiques et de chants, dévoilant les blessures d’une algérie asthmatique, s’adressant tantôt au peuple, tantôt aux fondamentalistes, tantôt aux détenteurs du pouvoir, apportant une note finale de mobilisation : A moi mes actes, à vous les vôtres.


 

STRUCTURE du TEXTE


La pièce s'ouvre sur l’origine sémantique du mot algérie, révélatrice de l'étendue du problème identitaire algérien, posé en premier lieu par le titre même, et les caractères typographiques utilisés :  En Attendant l’algérie, où le A majuscule de "Attendant" symbolise une attente démesurée face au a minuscule italique tombant de "algérie" qui indique que le pays, le peuple algérien dans sa dimension d'acteur légitime est bafoué. C’est une remise en cause de la nation, dans le sens où il n’y a pas de coexistence des différentes identités, de volonté de vivre ensemble.

L'histoire de l'algérie est celle d'une frustration semblable à la vie affective de Kateb Yacine pour qui Nedjma (amour déçu) sera l'objet d'une frustration toute sa vie durant. La frustration de ne pas exister, d'insatisfaction permanente, de déstabilisation, de quête.
Cette frustration est rendue visible dans le texte : le mot "algérie" n’est pas prononcé excepté dans la première partie où le sujet est précisément défini. Ce mot est remplacé dans le corps du texte par Nedjma (titre de l'un de ses romans et prénom de son amour déçu), elle, pays,...
En effet ce pays dans ses différentes composantes (ethnique, religieuse, linguistique) est en attente d'exister. L'algérie peut se définir comme un non-lieu parce qu’elle est l’État d'une minorité et non l’État de la société selon les termes de l'historien Benjamin Stora.
Le nom du pays ne sera plus prononcé et écrit : seul le dessin de la carte géographique de l'algérie viendra clore la pièce.

La structure adoptée est celle du découpage thématique. Les thèmes abordés sont : l'usurpation de l'histoire, la corruption, les extrémismes religieux, les langues minoritaires bafouées, l'aliénation des femmes, le nationalisme arabe, à la tête desquels des citations sont mises en exergue et à la fin desquels sont insérés des musiques et des chants. Cette pièce se veut un assemblage de matériaux, de repères pour un questionnement sur les difficultés auxquelles doit faire face l'algérie. Nommer c’est déjà un appel (Heidegger).
La pièce s'achève sur une réflexion sur le théâtre militant qui renvoie directement à l'oeuvre de Kateb Yacine, c'est-à-dire l'osmose entre l'engagement et l'art ; définissant  le théâtre comme étant un acte.
L'écrivain (et par là même le théâtre) disait-il mène un combat qui dépasse le cadre de la littérature en exprimant les préoccupations d'un peuple sans voix. La tâche quotidienne de l'écrivain, c'est le combat d'idées, et pratiquer le théâtre s'inscrit par conséquent dans cette perspective.

La pièce débute à l'indépendance, en 1962, à la naissance de l'algérie qui annonce  une rupture  avec l'aliénation colonisatrice, rupture a priori porteuse d'espoirs. Mais elle tombe très rapidement dans la continuité de ruptures, dans un cercle pervers de refus de soi.
Jusqu'en 1962, l'identité était définie par la volonté de libération. A l'indépendance comment se définir sans faire référence à autrui. Comment retrouver une identité personnelle ?
Indépendante, l'algérie n'en est pas moins libérée.



 

L'ENVIRONNEMENT à LA FERME DU BONHEUR
à NANTERRE



C'est un théâtre ouvert, où seul un feu de cheminée réchauffe le lieu en plein hiver. Les animaux circulent dans le théâtre EN toute liberté. Chiens, chats, poules font partie du décor.

 



Un thé à la menthe est offert au public en fin de spectacle. Le débat peut ainsi continuer par-delà le froid.

 

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15 janvier 2000 6 15 /01 /janvier /2000 17:40



ELEMENTS ESSENTIELS du DECOR

Un bureau, des chaises, une poursuite, un lit, un tapis, un carnet,un magnétophone, le Coran, les œuvres complètes de Karl Marx, la photo de sa mère, la valise : symbole d’un pays qui n’existe pas et qui se cherche.
Le personnage est sur un chantier-foyer où son intérieur est son extérieur et vice versa.



LE PERSONNAGE

Un seul personnage, algérien en prise directe aux problèmes de l'algérie.
Mais on peut douter de l'unicité du personnage car qui du comédien ou de Kateb Yacine se lance dans cette diatribe ?
Le travail du comédien est de faire croire qu’il est Kateb Yacine, qu’il n’est pas Kateb Yacine, qu’il est un écrivain parlant de Kateb Yacine, qu’il n’est qu’un comédien, montrant par là même que l’une des fonctions du théâtre est de distancer. Des extraits de pièces de Kateb Yacine sont joués par le comédien comme si Kateb Yacine venait de les écrire.

Cette ambivalence renvoie à l'état de schizophrénie dans lequel le pays est plongé.
Le personnage dénonce avec colère, dérision et poésie la situation des algériens, à la recherche d'une réalité qui de toute façon lui échappe. Qui suis-je ? Où suis-je ? A qui je m'adresse ? Que puis-je espérer de cet acte ?
Dehors ou dedans, à la tribune ou sur scène, chez lui ou sur le chantier, cet homme ne se reconnaît dans aucun espace. Aliéné, pris au piège par la schizophrénie, la convulsion, il n'existe pas.
Alors il écrit, cherche, tente de définir l’algérie, de retrouver son identité. Il écrit, lit, joue les scènes qu’il trouve, affiche des idées, constitue un dossier nommé En Attendant l’algérie.
Il est débordé par son sentiment politique qui le fait douter, s’interroger, s’emporter, s’attrister, se résigner, sentiment qu’il renvoie au public. La mobilisation apparaît alors comme une nécessité au regard de cette suraccumulation et cristallisation des problèmes algériens.
Cet homme isolé s’ouvre peu à peu et tente de faire partager son désoeuvrement. Construisant et déconstruisant l'espace du théâtre, guettant à tout moment l'émergence de l'algérie. Il travaille à comprendre et savoir. Son identité et sa survie dépendent de cet acharnement  à comprendre et savoir.
Tout le long, il va se préparer, ranger comme s'il attendait quelqu'un ou quelque chose, l'algérie, Nedjma (son amour déçu). Il va faire et redéfaire ses valises, ses cartons, soulignant ainsi le déracinement auquel sont confrontés Kateb Yacine et le comédien algérien.

Puis il s’effacera de la scène en laissant pour seul écho une parole mobilisatrice.



ARTICULATION du DISCOURS dans L’ESPACE

Le discours est distribué dans l’espace : le comédien évolue entre 4 lieux, 4 registres que sont : le bureau ; chaises et cercles tracés au sol par le comédien qui représentent une scène de théâtre ( espace de théâtre dans le théâtre) et une tribune politique ; le tapis (espace de repli, d’introspection).
Entre les scènes sont insérées des chansons enregistrées et également interprétées par lui pour  exprimer ses sentiments, son discours trouvant alors écho dans ces chansons. Pendant  la guerre, chanter était une arme aux mains des détenus. La chanson est restée un vecteur revendicateur, essentiel dans un environnement à tradition oral.


Chaque scène s’ouvre sur l’écriture (écriteau, notes,…) et s’achève sur l’oralité, le chant,  laissant au public le temps de reprendre son souffle.



LES INTERVENTIONS PENDANT LA PIECE

Lors du spectacle un invité interviendra pour appuyer la pièce, apporter des informations. Renouant ainsi avec la tradition grecque où le théâtre était aussi le lieu du débat public.

Par ailleurs, le comédien dispose aussi d'un espace d'expression libre durant quelques minutes.






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14 janvier 2000 5 14 /01 /janvier /2000 17:56





En Attendant l’algérie


Pièce de théâtre publiée aux éditions clandestines s.l.n.d
et dans la revue Passerelles n° 25, automne-hiver 2002, Revue d'Etudes Interculturelles.
Jouée notamment à la ferme du Bonheur à Nanterre, à l'Epée de bois (Cartoucherie de Vincennes) en 2001, à la Laiterie/Hall des chars en 2001


Personnage : Un seul comédien
Décor : un chantier, une table sur tréteau, un escabeau, une valise, un cahier…






I


(Récité en boucle en entrant sur scène)
un lieu qui n’a pas encore de lieu  et qui cherche




(1er écriteau)
Le lieu qui n’a
pas de lieu et
qui en cherche un




(Sur l’air de l’hymne algérien)
On l’a eu, notre drapeau, on l’a eu.

On l’a eu …oui, on l’a eu…
on l’a eu. Oui.

Maintenant,
comment allons-nous faire pour le partager ?
Ceux qui le détiennent
ont pénétré la maison du pouvoir
par la fenêtre de derrière.

Ils sont de ces hommes
qui ne laissent rien debout,
rien derrière et rien devant.
Puissants sur toutes choses,

jamais éprouvés dans leurs biens et dans leurs personnes,
ils font vivre et mourir qui ils veulent.
Sommes-nous venus au monde
pour être les serviteurs de maîtres sanguinaires
qui torturent, qui corrompent, qui éventrent, qui égorgent...
et qui n’oublieront jamais
de se teindre la barbe et de se parfumer ?

Ah qu’il est bon de s’endormir
sous le poids bienveillant du pouvoir.

(Versets du Coran dits en arabe, berbère et français)
Mais où que vous soyez, la mort vous
atteindra même si vous vous tenez dans des tours fortifiées :  Coran, sourate IV, verset 78.

L’algérie, l’histoire, les femmes, les langues, le pays,
amputés.
Tout un peuple désossé.
Hommes sans patrie à l’état de moisson sèche.
Mais que reste-t-il du peuple ? Que reste-t-il ?
De son commencement,  l’algérie est frustration.
Elle a cessé depuis longtemps d’être la nôtre.

Ldjazaïr, l’algérie  ça veut dire quoi ?
LES Iles... pas UNE  île, pas UN  parti, pas UNE religion, pas UNE  langue…
LES Iles....

Ce monceau de terre gît dans la trahison patronymique,
sans lieu ni date… SLND.

Réécoutons  ce lieu.
Au moins du nom de la trinité algérienne,
du berbère, de l’arabe et du français.
Un nom que l’on respecte vaut mieux qu’un compte en banque : Bertold Brecht.

Le berbère est une langue d’algérie,
l’arabe est une langue d’algérie,
le français est une langue d’algérie.
Pourquoi la langue de l’algérie n’est pas l’algérien ?
Cette langue de contrebande sonne-t-elle comme une injure à l’unité ?

Ldjazaïr,... l’espoir.
Un jour ce pays trouvera un nom propre.

(Jeu de marionnettes)
Devant vous ce soir,  les Marx brothers :
 Il y a un trésor dans la maison en face.
Mais il n’y a pas de maison en face.
On a qu’à la construire 
algérie, la maison d’en face.
algérie nous sortirons des ténèbres vers la lumière.

L’algérie, l’histoire, les femmes, les langues, le pays,
amputés.
Tout un peuple désossé.
Hommes sans patrie à l’état de moisson sèche.
Mais que reste-t-il du peuple ? Que reste-t-il ?
De son commencement,  l’algérie est frustration.
Elle a cessé depuis longtemps d’être la nôtre, merde.


Désormais, je ne l’appellerai plus algérie.
Elle sera Nedjma, l’histoire, les langues, les femmes, elle.

Et puis merde pourquoi retourner dans un orphelinat ?
On n’a pas quitté le pays. C’est lui qui nous a quitté.
Notre terre ne nous appartient pas.
Notre pays n’est pas pour nous.

Savez-vous où se trouvent les algériens ?
Dans la merde.
Savez-vous où se trouve la merde ?
Ni là-bas, ni ici.
Là-bas et ici.
Entre là-bas et ici.

(Sortant de sa poche une photo de sa mère
et l’accrochant au mur)


Voyez Son combat.

Les abcès de Nedjma n’ont pas encore été crevés :
en proie à la dictature, corruption, intégrismes, capitalisme débridé.
Le peuple victime est au service des bourreaux.
Presque 40 ans de prison et de honte.


Il chante Algérie 20 ans de Ferhat,
remplaçant 20 ans par 40 ans.



II


(Deuxième écriteau)
Qui connaît la vérité ?
Celui qui a frappé
et celui qui a reçu les coups




La culture est un terrain vague de grand style.
Qui sait encore à quoi ressemble un livre là-bas ?
Un livre ?… Un microbe idéologique et intellectuel, un fléau invisible, une mouche tsé tsé ?
Dans les manuels scolaires, l’histoire du pays commence à l’arrivée des Arabes et de l’Islam. Avant ...rien.
Au salon des livres, enfin au salon de quelques feuilles volantes,
les autorités achètent tout et découpent tout
et quand le public arrive,
le clinquant du vide, le clinquant des paroles trompeuses.

Les livres de médecine... : les jeunes médecins..., leurs livres sont opérés, les images du corps des hommes sont découpés de là à là (désignant le sexe des hommes). Les corps de femmes de là à là (désignant le sexe des femmes) et de là à là (désignant le buste des femmes).
Chez nous, les médecins sont les meilleurs spécialistes au monde…
des jambes, pieds, tronc, bras, tête de l’homme et de la tête, bras, mollets et pieds de la femme...

A l’heure du sacrifice,
la nation-mère nous a rassemblés.
Contre le colonialisme, l’unité d’abord,
la diversité entre parenthèses...entre crochets.

Mais à l’indépendance le pays n’est pas délivré du syndrome de l’unité.
L’unité, l’arabité, le nationalisme, le fascisme de l’unité
vivent sur des siècles de mensonges,
sur le respect des voleurs qui criaient aux voleurs,
sur le respect des tueurs qui criaient aux tueurs.

Le lion ne dit-il pas à l’ânesse :
je te prête 2 litres d’orge. Mais je te mangerai après.

Nedjma doit se construire sur quelque chose de vrai.

Je sais, dans ces conditions, je le sais bien,
il est difficile pour les museleurs de rendre la vérité.
Pourquoi falsifier l’histoire, Ibn Khaldoun... .
Tenez, quand il dit que ce peuple a renié 12 fois la foi musulmane...
Ça prouve bien que la pilule n’est jamais passée.
Pourquoi nous matraquer de l’histoire de l’Afghanistan,  de l’Iran, de l’Arabie Saoudite, de leurs programmes télé, de leur langue ?

(Lisant à haute voix et écrivant à sa table, un extrait d’une œuvre de Kateb Yacine.)
Le feu, toujours le feu
Sur la terre libre !
Où irons-nous si toute la terre brûle ?

Oui, c’est le blé, c’est le pain qui brûle !
Mais c’est le pain amer de l'esclavage !
Ils voudraient, les envahisseurs
vous le faire manger à genoux.
Et demain si vous acceptez,
ils vous le feront manger à plat ventre !

Pourquoi les hommes ne prennent pas la même religion ?
C’est simple. Quand vous chargez un âne,
vous ne placez pas les sacs du même côté
pour ne pas les faire tomber.
Eh bien vous agissez comme Dieu qui prend bien soin de diviser les hommes,
pour mieux équilibrer les dogmes
dont vivent les rabbins, les moines et les muftis.
Eux qui ont charge d’ânes.

Toutes ces religions qui n'en sont qu'une
servent des rois étrangers.
Ils veulent nous prendre notre pays.
Les meilleures terres ne leur suffisent pas.
Ils veulent aussi l'âme et l'esprit de notre peuple.
Pour mieux nous asservir, ils parlent d'un seul Dieu.
Mais chacun d'eux le revendique.

Le seul Dieu que nous connaissons,
on peut le voir et le toucher.
Je l'embrasse devant vous,
c'est la terre vivante,
la terre qui nous fait vivre,
la terre libre  !


Il signe : Kateb Yacine, La femme sauvage
Il entonne une chanson sur la Kahina,
une chanson que Kateb Yacine et sa troupe
reprenaient souvent dans leur spectacle



III

(Troisième écriteau)
Un chien qui a de l’argent
on l’appelle Monsieur le Chien.
Voilà, voilà





Le nationalisme et l’intégrisme.
VOILA, VOILA deux ennemis du progrès et du peuple.
Comme disait Marx, venus au monde dégoulinant de sang et de saleté par tous leurs pores, de la tête aux pieds.

Venus de Kaboul, Téhéran, Bagdad, Washington les mains rouges.

Les nationalistes bourgeois, messieurs les pitt-bulls sont devenus les maîtres après l’indépendance.
Ils ont colonisé le FLN. Ils nous ont domestiqués.

C’est l’école des maîtres.
FLNRNDFMICIA, FLNRNDFMICIA
Tel est notre alphabet.

Ce ne sont pas des partis.
Ce sont des comités administratifs des affaires de la classe bourgeoise : Marx-Engels

Les gens s’y bousculent non pas pour servir l’intérêt général mais pour avoir des avantages.
Que Dieu aveugle et décime les habitants de la maison
afin que je puisse voler, voler, voler, corrompre...
La corruption est leur religion.

De l’autre côté, le mouroir des exclus, paysans, hittistes…
L’agonie dont les bourgeois se repaissent,
mangeant des gains illicites,
rotant et remerciant Dieu,
lhemdu lleh, louange à Dieu.

Ce qu’un ministre mange peut nourrir tout un pays.

Et le peuple, nous le peuple ? Que nous reste-t-il à nous les perdants ?
Que l’on soit agenouillé, couché, assis, debout ?
Que nous reste-t-il ?
Se droguer, boire, voler, se prostituer, se suicider, émigrer, faire de l’oeil à une jarre pleine de grains, la jarre de la religion,  la jarre de la révolution...

Aux pitts-bulls l’or et les honneurs.
A nous la poussière et les mouches.

On meurt de faim et leurs jardins pourrissent.

Nom de nom, gens du gaz et des pétrodollars,
donnez votre superflu
L’homme digne est celui qui rend les biens du pays à son peuple,
celui qui jeûne pour nourrir un pauvre.
Fais sortir ton peuple des ténèbres vers la lumière.

La nausée soulève les dictateurs quand on leur parle de réveil , des révoltes de 80, de 88.
Ils jouent de la matraque, se gargarisent.
Ce sont des hommes qui ne laissent rien debout.
Ils brandissent régionalisme, arabo-islamisme, terrorisme
pour nous mettre à terre et garder leur trône.
Même si les chefs religieux font trembler leurs trônes et leurs portefeuilles,
leur ennemi véritable c’est la démocratie, pas les fous de Dieu.
Eux ils sont invités à faire ce qu’il leur plaît.
Aussi vite que les antennes paraboliques,
les écoles coraniques et les mosquées poussent comme des champignons,
avec ou sans la bénédiction de l’Etat.

C’est comme ça qu’on voit les fous de Dieu saigner le peuple.
C’est comme ça qu’on voit les cimetières devenir les lieux les plus vivants du pays.
Les morts s’arrachent les cercueils.
Et plus vous en voyez et plus il vous en reste à voir.

Grands sculpteurs de squelettes,
les vautours, dans leur uniforme se considèrent comme des dieux, les artisans d’un pays qui n’existe pas.

Très loin derrière eux,
le peuple survivant marche avec un poignard dans le dos,
trahi et supplicié par ses dirigeants.
SU-PPLI-CIE

(Jeu de marionnettes)

LE PRÉSIDENT :
Vous êtes l'auteur d'un tract
qui accuse notre police
d'être une Gestapo.

PREMIER ÉTUDIANT :
Oui, c'est une Gestapo.
J'ai été torturé,
menacé de mort...

Les policiers l'emmènent.


LE PRÉSIDENT :
Au suivant.

SECOND ÉTUDIANT :
Être condamné
pour offenses à un traître
c'est un honneur pour moi.

LE PRÉSIDENT :
Vous n'êtes pas ici
pour faire une conférence.

Les policiers emmènent le second étudiant.



LE PRÉSIDENT :
Au suivant.

TROISIÈME ÉTUDIANT :
J'ai subi des sévices.
Je suis depuis trois mois
au régime cellulaire.
J'avais écrit un rapport
pour le remettre à la cour.
Il m'a été arraché
ce matin, par les policiers...

LE PRÉSIDENT
Je n'accepte pas la discussion avec vous.

Les policiers emmènent le troisième étudiant.
Le tribunal quitte la scène...

                            

La scène se vide. Lumière sur Face de Ramadhan.
Il s'installe à la table d'un grand restaurant.



FACE DE RAMADHAN :
Garçon !

LE GARÇON :
Le menu ou la carte ?

FACE DE RAMADHAN :
Le menu et la carte.

Il s'empiffre, puis sort un grand billet de cinq mille dinars.


LE GARÇON :
Tu te fous de moi ?

FACE DE RAMADHAN :
Pardon ?

LE GARÇON
Regarde ton billet.
Tu ne vois pas ?
La tête du président,
elle est piquée à coups d'épingle !
C'est politique ça !
Tu veux me faire aller en prison ?

 Entre un policier.

LE GARÇON
Emmenez-le, Monsieur l'agent,
Je ne veux pas de son argent,
C'est un provocateur.


Musique : Henri Salvador,
Fugues en rires.



IV

(Quatrième écriteau)
Vous voyez ce bâton,
il vient du paradis.
Chaque fois qu’il vous frappe
c’est pour votre bien.




TOUS les intégrismes religieux commencent
par exalter la liberté de l’homme
et finissent par le réduire en esclavage.
A peine tu sais marcher qu’on te retrouve agenouillé ;
ni enfance ni adolescence :
tout de suite c’est le mariage, c’est la caserne, c’est le sermon,
c’est la mort lente.

Les lieux de culte sont aussi des lieux de prière.
Ce ne sont pas seulement des lieux de trafic et de complot.

Combien d’assassinats dans les lieux de prière, combien de lieux saints souillés, devenus espaces politiques, espaces de racket, d’armement, d’entraînement.
Pérégriner 22 fois à la Mecque,
La foi ?
…la foi dans le commerce et le pouvoir.
Usurpateurs de la foi.

Au milieu des vrais croyants,
ces requins en voyage de noce déambulent
avec leur faux titre de hadj, de Saint homme,
les yeux exorbités par les gains illicites.
C’est comme une foire annuelle patronée
par les chefs religieux,
s’appuyant toujours un peu plus sur l’échine de Dieu.

Hé obscurantistes roulant en Mercédès :
(en arabe, français et berbère)
Qui donc est plus injuste
que celui qui forge un mensonge contre Dieu ...? : Coran, Sourate VII, verset 37.

Certains musulmans sont devenus fous quand ils ont été manipulés par les fondamentalistes,
par leur chair et par leur sang.

(en arabe, français et berbère)
Ils cherchent à tromper Allah et les croyants ;
mais ils ne trompent qu’eux-mêmes,
et ils ne s’en rendent pas compte : Coran, Sourate II, verset 9.

(en arabe, français et berbère)
...ils n’entreront pas dans le Paradis
aussi longtemps qu’un chameau ne pénétrera pas dans le trou de l’aiguille : Coran, Sourate VII, verset  40.

 Toutes les exécutions, les foetus, l’enlèvement de jeunes filles pour mariage d’une heure ou d’un jour, les viols d’enfants... sont une offrande à Dieu... : Antar Zouabri, GIA.

Quand ils égorgent, ça vient du coeur.
Quand ils éventrent, ils hachent, ça vient du coeur.
Mais la guerre sainte,
c’est quand on combat ses propres passions : Dires du prophète

 ( en arabe, français et berbère)
L’Orient et l’Occident appartiennent à Dieu.
Quel que soit le côté vers lequel vous vous tournez,
la face de Dieu est là.
Dieu est présent partout et il sait : Coran, Sourate II, verset  115
&
(en arabe, français et berbère)

Celui qui a tué un homme...
est considéré comme s’il avait tué tous les hommes ;
et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes : Coran, Sourate V, verset 32


Musique : L’homme à la caméra.
Film de Dziga Vertov.
Pierre Henry, n°3-Cœur et rail.


V

(Cinquième écriteau)
L’aliénation la plus profonde,
c’est de se croire Français,
c’est de se croire Arabe,
c’est de se croire Berbère.
Et c’est de ne pas se voir Algérien.


Imposer une religion, imposer une langue, islamiser, arabiser
ne se font pas avec des bonbons et des oeillets.
Il faut arborer les larmes et le sang.
Déployer l’écrasement, la violence, le mépris, la haine, les cisailles, le feu,
les pires abjections que puisse supporter un peuple.

Arabisation, francisation, mondialisation, enfermement.

La mère et son langage sont les seuls trésors inaliénables
et pourtant aliénés.
C’est l’impérialisme des langues de pouvoir : arabe classique, français, anglais.

La langue n’a pas le même effet pour celui qui s’en réchauffe que pour celui qu’elle brûle.

La langue brûle ceux-là qui ne la comprennent pas :
Les émissions culturelles, le journal télévisé, l’information pour la contraception, qui les comprend ?

La langue réchauffe ceux-là qui s’en servent pour nous exclure du pays, pour ne pas nous libérer.
On a même vu, pour son premier discours télévisé,
un président de la république algérienne démocratique et populaire, RADP,
déchiffrer un texte qu’il prononçait difficilement.
Imaginez une seconde le président parler au peuple dans la langue du peuple : LA REVOLUTION.

Le peuple n’entend pas l’arabe littéraire.
Il ne le comprend pas,
il ne le parle pas.
Il a sa langue à lui, une langue de contrebande,
qu’il a modelée, choisie. Nedjma a sa langue.
Elle ne la porte pas dans un récipient de verre.
On nous demande d’écrire en latin, en arabe savant.
Il existe un autre arabe : le populaire, une langue de tous les jours.

(Jeu de marionettes)

C’est l’histoire d’un grammairien et d’un marin.
Ils discutent sur le pont d’un bateau.
Le grammairien  demande au marin :
- Sais-tu la grammaire ?
- Non
- Eh bien dit le grammairien, tu as perdu la moitié de ta vie
Quelque temps après, la tempête se lève et le marin demande au grammairien
- Tu sais nager ?
- Non
- Eh bien, dit le marin, tu as perdu toute ta vie

Pendant la guerre de libération, ce que j’avais à dire à l’ennemi,
fallait le dire dans sa langue : Jean Genet.
Il fallait parler la langue du tortionnaire.
Dans l’aliénation et dans le sang,
dans cette langue française,
Nedjma est alors née.
Maintenant affranchi de cette aliénation,
pourquoi irai-je m’enchaîner aux langues de pouvoir,
alors que m’attendent ces langues sans dignité étatique ?

Bien. Il y a un vrai problème de langue.
Mais pour qui nous prennent-ils ?
Tout le monde le sait. Ils se servent des langues, du terrorisme pour nous dresser les uns contre les autres, pour qu’on ne voit pas ce qu’ils ont, ce qu’ils font et ce qu’ils sont.


Musique : The Marx Brothers,
Sing and play. At the circus.
Générique (Waxmann.Orchestre)


VI

(Sixième écriteau)
Nous croyons en Dieu...
à ce qui a été révélé à Abraham,à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus;
à Moïse et à Jésus
...aux prophètes...;
Nous n’avons de préférence
pour aucun d’entre eux :
Coran sourate II,  verset 136



Il est temps de se réveiller.
Les nationalismes servent comme un rempart
pour nous isoler des autres peuples.
Ils mettent en danger les genres humains.
Ils bloquent l’ouverture vers le monde entier.

La tourmente des nationalistes bourgeois
c’est la paix.

Nourris au terrorisme,
sans répit, ils agitent le drapeau de la guerre.
Diviser pour mieux régner.
Simplement parce que leur gagne-pain c’est la grosse artillerie.

A la moindre lueur de paix, 
ils peuvent tout perdre.
Alors ils ne lâchent pas prise 
tant qu’il y a encore un muscle, un nerf, une goutte de sang à exploiter : Friedrich Engels


(Hystérique)
Nous sommes arabes, nous sommes arabes,
nous sommes arabes : Ahmed Ben Bella.
Nous sommes musulmans, nous sommes musulmans,
nous sommes musulmans.
Nous sommes berbères, nous sommes berbères,
nous sommes berbères…

Le suicide dans les nationalismes.

Mais c’est africains qu’il faut se dire.
Toutes les langues du pays sont une langue africaine.

Regardons à côté,
Qui connaît le Mali, le Niger ?
Et les Tunisiens et les Marocains,
eux on ne les connaît que par l’arabisme.

Si on se tournait vers l’Afrique
on pourrait se liguer avec les peuples africains
pour renverser les barrières de la tyrannie.

Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme
et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation :
Marx-Engels.


Musique : Zao (chanteur congolais),
Ancien combattant.

 



VII

(Septième écriteau )
Une femme sort 3 fois dans sa vie :
du ventre de sa mère,
de la maison de son père
pour aller dans celle de son mari,
et enfin pour aller au cimetière.

 


Si l’on pouvait ordonner à un être humain de se prosterner devant un autre, ce serait à la femme devant l’homme :
Dires du prophète

Comment  se fait-il  que ce pays  a été dirigé par La Kahina
...une femme ?
Et comment les femmes en sont arrivées là aujourd’hui ?
Nous femmes, les entrailles qui vous ont portés : piétinées, rampantes.
Les cagoulardes ont ordre d’assurer la reproduction de mâles.
Malédiction sur la veuve orpheline sans fils ni frère.

Les crimes d’honneur, les coups en public.
Personne ne bouge. Pourquoi ?

Pardieu elle lui appartient.
Il en fait ce qu’il veut.
Ici on appelle ça « être un homme ».
Les femmes sont l’affaire des hommes.

Est-ce que ça fait partie de ce que nous sommes réellement?

Le ciel nous a fait don du culte de la fausse virilité, du culte de la force stérile ?

La mère et son langage sont les seuls trésors inaliénables
et poutant ils sont aliénés.

 Les récentes manifestations de femmes contre la violence et contre l'intolérance constituent un des plus grands dangers qui menacent le destin de l'Algérie.... : Abassi MADANI, FIS.

Le code de la famille,
l’espace souverain de l’époux, l’empire des hommes,
qui veulent régler juridiquement la longueur de la baguette avec laquelle l’époux doit flageller sa femme.
Combien de femmes répudiées, livrées à la rue, combien d’orphelins.
Elles reçoivent les coups en premier d’où qu’ils viennent.
Leurs privilèges : le deuil et le fardeau.
POURQUOI ?

ART. 8 : Il m’est permis de contracter mariage  avec plus d’une épouse.
ART.11 et 33 : La femme a un tuteur. C’est lui qui décide de son mariage.
ART. 31 : La musulmane ne peut épouser un non-musulman ...alors que moi je peux me marier avec une non-musulmane.
ART.39 : Tu dois m’obéir, allaiter ma progéniture, respecter mes parents et mes proches.
ART.48 : Le divorce intervient par ma volonté.

Ils n’ouvrent les yeux que d’une seule façon :
pour Nedjma , c’est Coran ou Whisky,
ménage ou prostitution.

Dans le rapport de l’homme à la femme, on peut juger de tous les degrés du développement humain : Karl Marx.
Dans le rapport de l’homme à la femme,
on peut juger de tous les degrés du développement humain.

Musique : Aqdas Al-Moulôk (iranienne)
psalmodiant un verset du Coran, Marie, sourate XIX (Ya Sin)


VIII

(Huitième écriteau)
Qui a bonne langue
a mieux qu’un champ d’oliviers




C’est vrai.
Ils n’ont de cesse de nous mettre en garde
que ceux qui combattent par la langue périront par la lame. 
De toute façon, tous nous périrons tous, 
ceux qui combattent comme ceux qui ne combattent pas.

Le théâtre politique a sale réputation.
Allez-y seuls si vous voulez.
On le montre du doigt en criant propagande, propagande .
Mais le combat d’idées pèse autant que l’esthétique.

Mais vous voilà venus à nous, sans préjugés,
au théâtre, (youyous)
goûtant un feu de cheminée, une gorgée de thé à la menthe.
Mais vous ne partirez pas comme on quitte un défunt, résignés.
Vous voilà venus
voir cet homme,
chercher ses marques dans ce chantier,
dans ce lieu qui n’a pas encore de lieu et qui en cherche un.

Mais au fond, on ne pouvait n’être que là,
cette valise toute prête à bourlinguer,
portée-lâchée, portée-posée,
transportant l’informe et l’incertain pays .

Ce théâtre c’est entre le ciel ouvert
et le toit.
Il efface la scène, le piédestal de la scène,
ce regard qui vous pousse à me contempler, trop rarement à m’écouter.


1989 : pluripartisme.
Kateb Yacine meurt des suites d’une maladie.
10 ans plus tard, mourir de maladie est devenu un idéal.
Le comédien, l’auteur, le metteur en scène, le régisseur, l’ouvreur, le projectionniste, le caissier, le public disparaissent.
Ils peuplent les prisons ou les cimetières.

Présentation du comédien : improvisation.

 


IX

(Neuvième écriteau)
Le peuple n’a rien à perdre,
hors les chaînes.
Il a un pays à gagner




Il n’en coûtera moins d’encourir la sanction de la désobéissance
qu’il nous en coûterait de lui obéir. Henri-David Thoreau

Hé camarade, si tu ne soutiens pas la lutte des peuples opprimés,
quelle est donc la révolution que tu prétends faire camarade ?

MERE LE MUR EST HAUT,
ce mur qui sépare les uns des mêmes.

Gueuler avec patience,
le moindre mot pèse plus qu’une larme.
Garder à l’esprit que le mouvement de libération nationale est né dans l’immigration en France.


A l’indépendance on commence à comptabiliser les coups, les morts, les cadavres mutilés.
Emeutes de 80, émeutes de 88, 2001, exécutés, égorgés, disparus...
Parce que « Vivre est devenu un idéal bourgeois » : YB,
il faut apprendre à manier les armes que l’on a.
le magnéto,la radio, la caméra, la vidéo,le théâtre...
leur dire merde, merde pour leur justice,
merde pour leur fric, merde pour leur morale,
à ces « tigres en papier »,
à leur discours à la soupe de fèves.

Hé camarade, si tu ne soutiens pas la lutte des peuples opprimés, quelle est donc la révolution que tu prétends faire camarade ?

Le bâton, c’est votre volonté,
droite et ferme et inébranlable : Charles Baudelaire.

Ces armes sont entre nos mains.
Il reste à nous en servir.
Expliquer, c’est rendre visible.

Désormais théâtre et révolution ne font qu’un.
Le parleur haut et fort comme un boxeur.

Le prophète n’a-t-il pas dit que
celui qui abandonne son foyer pour se mettre en quête du savoir
suit la voie de Dieu... et que
l’encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr.

 Voici mon éthique, là est ma religion : dits du prophète

(Il écrit sur le mur  au  milieu des écriteaux) :
Je vous laisse l’histoire,
je vous laisse cette terre,
je vous laisse (dessin de la géographie de l’algérie).

A moi mes actes,
à vous les vôtres.
Salut. Mais ne partez pas résignés comme on quitte un défunt.

J’attaque le Destin.
Qu’il plaise à Dieu que je gagne.


(Il prend sa valise, quitte la scène en chantant l’Internationale en arabe, français et  kabyle, autre clin d’oeil à Kateb Yacine qui achevait toujours ses spectacles par l’Internationale.)

 


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